[Conseil régional de Rhône-Alpes. Séance du 27 mars 1992...

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPT1241 10
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 18 x 24 cm (épr.)
historique Il aura fallu trois tours de scrutin et une majorité relative pour que Charles Millon retrouve son siège de président de Région. Les écologistes ont fait la preuve, au cours de cette première session, de leur immaturité politique.
historique Charles Millon n'aura quitté son fauteuil de président de la Région que trois heures. Le temps, pour la nouvelle assemblée, présidée pour l'occasion par son doyen d'âge Haroun Tazieff, de procéder à trois tours de scrutin. Et de réélire, à la majorité relative, avec 64 voix sur 157, son président sortant, Charles Millon. Celui-ci a fait le plein de ses voix et bénéficié du soutien du divers droite ainsi que du représentant de la liste Chasse, pêche, nature et tradition. L'assemblée de Charbonnières, qui adopte une physionomie morcelée depuis son renouvellement, avait peu de chances de voir son président élu dès le premier tour de scrutin. Il lui aurait en effet fallu la majorité absolue, c'est-à-dire 79 voix, pour gagner son siège. Après avoir rejeté la proposition des communistes de repousser [au 30 mars 1992], après les cantonales, cette élection présidentielle, l'assemblée régionale a procédé au premier tour de scrutin, mettant dans la course sept candidats. Bruno Gollnisch pour le Front national, Charles Millon pour l'UPF, Robert Veuret pour le PCF, Haroun Tazieff pour les élus divers gauche qui ont rebaptisé leur groupe "Solidarités", Philippe Lebreton pour Génération écologie, Sakina Bakha pour les Verts, leur candidate d'ouverture représentante de l'immigration, et enfin Jean Auroux pour les socialistes. Certains ont profité du secret des urnes pour régler quelques comptes et faillir à la discipline de groupe, comme en témoignent les quatre bulletins blancs. Il a en effet manqué deux voix à Charles Millon pour faire le plein, ainsi qu'une voix à Génération écologie. Le deuxième tour n'a guère réservé plus de surprises, si ce n'est l'alliance symbolique des deux tendances de l'écologie, qui ont décidé, dans un geste de sagesse politique, de ne présenter qu'un seul candidat, le professeur Philippe Lebreton. Faute de majorité absolue, on a alors envisagé le troisième et dernier tour de scrutin qui, lui, accorde la présidence au candidat ayant obtenu le plus grand nombre de voix. Un tour aussi délicat que décisif pour lequel les Verts ont demandé une suspension de séance et où et chacun s'est précipité dans un coin de couloir pour redéfinir sa position. Charles Millon, Jean Auroux et Bruno Gollnisch ont maintenu, en toute logique, leur candidature. Refusant de répondre à l'appel des socialistes en faveur de la formation d'un pôle progressiste, les communistes ont également décidé de maintenir leur candidat jusqu'au bout. "Le rapport de force n'existe pas pour une politique nouvelle, réellement de gauche. Alors restons fidèles à nous-mêmes et rendons service à la gauche", a expliqué Marc Bruyère. En retirant sa candidature, le groupe d'Haroun Tazieff a annoncé qu'il s'en tiendrait à l'abstention pour ce troisième tour de scrutin. Mais côté écologistes, les sages résolutions d'union n'auront survécu que le temps d'un tour. Laissant, pour finir, les frères de l'écologie plus ennemis que jamais. Faute de s'entendre à nouveau sur une candidature commune, les Verts ont réintégré Sakina Bakha dans la course la présidence, pendant que Génération écologie maintenait Philippe Lebreton. Chacun prenant soin de renvoyer à l'autre la responsabilité d'une désunion qui ne devrait pas manquer de s'exprimer lors des prochaines sessions et de remettre en cause l'existence de leur intergroupe. Cette fois-ci, chacun des candidats a finalement fait le plein de ses voix, c'est-à-dire 64 pour Charles Millon, 29 pour le FN, 25 pour les socialistes, 11 pour les communistes, 11 également pour Génération écologie, 10 pour les Verts et 7 bulletins blancs des amis d'Haroun Tazieff. Une stratégie de maintien des candidatures qui a également empêché, comme cela s'est produit dans d'autres régions, au Front national de mêler ses voix à celles d'un candidat autre que le sien pour renverser la majorité. Le volcanologue a alors cédé sa place à la tribune à Charles Millon, qui a retrouvé son fauteuil sous les acclamations de ses supporters. Pendant qu'Haroun Tazieff rejoignait, non pas le banc des élus, mais celui des fonctionnaires ! Sa participation à la construction régionale devrait d'ailleurs s'arrêter là puisqu'il envisage de démissionner pour laisser sa place à son suivant de liste. Les premiers mots du président réélu : "Je serai le président de tous et essaierai de poursuivre les objectifs que nous déciderons ensemble. Des intérêts catégoriels s'affirment aujourd'hui, mais les élus doivent être les garants du bien commun et du sens civique qui a trop souvent disparu". Charles Millon sera entouré, pour ce deuxième et nouveau mandat, d'un exécutif élargi et d'une commission permanente assez large pour satisfaire les candidats aux responsabilités, aux honneurs ou à la voiture de fonction. Au terme d'une heure de suspension de séance, les groupes se sont mis d'accord pour répartir à la proportionnelle, comme le prévoit la loi électorale, les 66 postes de cette commission permanente. Parmi ceux-ci. 15 vice-présidents, au premier rang desquels Alain Mérieux, qui bénéficiera d'une délégation générale. Il restera encore à l'assemblée régionale à installer ses commissions et ses groupes politiques, avec le cas particulier de la Nouvelle démocratie. Il faudra en effet modifier le règlement intérieur de la Région pour que les cinq amis de Michel Noir puissent s'organiser en groupe et bénéficier d'un secrétariat et de temps de parole. Source : "Millon retrouve son fauteuil" / Catherine Lagrange et Frédéric Poignard in Lyon Figaro, 28 mars 1992, p.1-3.

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